Dans le Grand Est, un projet expérimental pour se passer de traitement de semences

Semis
L'objectif du projet : étudier l'impact de la suppression des traitements de semences dans des parcelles de grandes cultures. (©Stéphane Leitenberger/Adobe Stock)

« C’est un produit phytosanitaire qui concerne 90 % des blés tendres. Pourtant, longtemps, il n’a pas été considéré comme tel. « En 2016, j’animais un groupe Dephy Ferme, et des agriculteurs voulaient signer des MAE (mesures agroenvironnementales) sur la réduction de phytos », raconte Véronique Laudinot, de la Chambre d’agriculture Grand Est.

Pour la première fois, les traitements de semences étaient compris dans les IFT, et les agriculteurs ont pris conscience que tous les produits phytosanitaires n’étaient pas conservés dans des bidons. » À l’époque, certains agriculteurs ont des allergies, que les traitements de semences peuvent aggraver, en particulier ceux dédiés au maïs. « Lors des semis de maïs, il peut faire chaud, les agriculteurs ont parfois les bras nus et ne respectent pas toujours les consignes de sécurité… », pointe Véronique Laudinot.

32 parcelles exploitées par des agriculteurs expérimentateurs

La chambre d’agriculture du Grand Est lance alors le projet Fast, pour « Faisabilité et évaluation de systèmes de culture économes en pesticides en l'Absence répétée de Semences Traitées ». Sont partenaires du projet les chambres d’agriculture des Vosges, des Ardennes, d’Alsace, la coopérative EMC2 et le Ceta de Romilly, ainsi que l’Inrae de Toulouse. 32 parcelles, appartenant à des agriculteurs-expérimentateurs, sont implantées. Chaque parcelle est séparée en deux, et l’agriculteur sème des semences enrobées, et des semences non traitées de la même variété. « L’objectif était que les producteurs, qui avaient des exploitations très différentes, conduites avec de multiples systèmes culturaux, mettent en place leurs pratiques habituelles, et que l’on observe les différences entre les deux parties des parcelles », détaille Véronique Laudinot.

Peu d’impact sur le rendement et la qualité

Après cinq ans d’expérimentation, le constat qui ressort est que les traitements de semences ont peu d’impact sur le rendement des cultures, sauf cas particulier. « Sans traitement corvifuge, deux parcelles de maïs ont été ravagées, abonde la responsable du projet. Il y a quelques cas de blé précédent blé où sans traitement de semences, il existe des risques de piétin échaudage, mais pour toutes les autres situations, rien ne ressort. Il peut y avoir une baisse des levées, mais les rendements sont identiques. » Seuls 3 % des cas ont enregistré une baisse de plus de 5 q/ha.

En termes de qualité, les chercheurs craignaient de ne pas maîtriser la carie du blé, maladie qui peut se transmettre par les semences ou le sol, et peut occasionner jusqu’à 100 % de pertes. L’analyse systématique des semences non traitées, en particulier les semences de ferme, permet d’écarter ce risque. Une procédure qui coûte 90 €. Les mycotoxines ne sont pas non plus un souci, les résultats étant les mêmes avec ou sans traitement de semences. Se passer d’un tel traitement ne permet pas d’engranger d’importantes économies, ce produit phytosanitaire n’étant généralement pas très cher, mais cela permet d’économiser un point d’IFT, et de préserver sa santé.

Des difficultés structurelles qui ont compliqué le projet

Pour autant, se passer de traitement de semences n’est pas chose aisée : les agriculteurs ont rencontré des difficultés pour s’approvisionner, notamment en maïs et en tournesols. « Les semences de céréales d’hiver peuvent être traitées thermiquement, ajoute Véronique Laudinot. Mais ce procédé, qui a fait ses preuves, doit être commandé très à l’avance. »

Le projet a également été confronté à des difficultés structurelles, telles que la perte de neuf parcelles, en raison d’une implantation d’éolienne, d’un départ en retraite et de repreneurs pas intéressés par le projet, d’erreurs de protocole, d’un tas de fumier mal positionné, etc. En soja et en colza, les traitements de semences ont été interdits depuis le lancement du projet, et remplacés, dans le cadre des expérimentations, par du biocontrôle.

« Le projet s’arrête, nous n’avons pas demandé sa reconduction, confie l’agronome de la Chambre d’agriculture. Nous sentions que cela devenait contraignant pour nos expérimentateurs. Mais la chambre régionale porte d’autres projets d’expérimentation système, et nous souhaitons continuer à travailler sur les traitements alternatifs de semences. »

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