Colza : 4 leviers à actionner pour un IFT inférieur à 3

Que ce soit dans le cadre d’une démarche HVE, d’un groupe Dephy ou pour des raisons économiques, de nombreux agriculteurs se lancent dans le défi de réduire volontairement leur IFT. C’est la démarche entreprise avec succès par les 11 agriculteurs du groupe Dephy Cuma Layon.

Présenté lors d’un rallye culture sur les parcelles des adhérents le 6 juin dernier, les chiffres du groupe Dephy Cuma Layon dans le Maine-et-Loire parlent d’eux même. Le collectif de 11 agriculteurs affichait un IFT hors herbicide de 6 sur colza en 2012. Il n’est plus que de 1,43 en 2023, et n’a pas dépassé la barre des 2,5 depuis 4 ans. Les exploitants s'en félicite face à une moyenne régionale à 4,5 et une moyenne nationale Dephy à 2,8 . « En 2018, le groupe a suivi une formation dispensé par Terres Inovia durant laquelle l’intervenant a insisté sur la possibilité de réaliser un colza avec peu d’intrant en zone d’élevage » se souvient Benoît Foucault, animateur du groupe et conseiller au sein de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Une étape importante pour la dynamique du groupe dont l’IFT hors herbicide plafonnait avant aux alentours de 3.

Côté rendement, le travail du groupe a également permis de déboulonner certaines idées reçues. Le comparatif des rendements des résultats des membres du groupe n’affiche aucune corrélation entre le rendement et l’IFT. Ainsi un IFT hors herbicide de 0,5 a permis de générer un rendement de 35,1q/ha sur une parcelle, alors qu’un autre membre avec un IFT de 3,76 affiche 32q/ha. « Ce sont surtout les potentiels de sol qui vont jouer, nuance Benoît Foucault, à rendement préservé donc, la baisse de charge n’est pas anecdotique. En moyenne, les membres du groupe ont supprimé deux insecticides et un fongicide, soit un coût évalué à 60€/ha, sans compter le coût de passage."

Benoit Foucault anime depuis 2011 le groupe Dephy Cuma Layon ©TD

Levier 1 - Privilégié un semis précoce

Pour réduire les insecticides, le principal levier réside dans une implantation précoce. « Avec un semis
entre le 15 et le 20 août et une fertilisation organique possible en zone d’élevage, le colza démarre très
bien. Une fois qu’il atteint à la pesée 3,5 à 5 kg, il peut résister aux attaques
» souligne Benoît Foucault.
En adoptant une date de semis précoce, associée à une fertilisation organique, les membres du groupe Dephy Cuma Layon ont ainsi pu réduire sensiblement l’utilisation d’insecticide. « Quand les altises arrivent mi-septembre et que le colza a atteint ce stade de développement, les traitements ne sont pas
nécessaires
» se félicite le conseiller chambre.

À l’inverse, lorsqu’un membre du groupe Dephy n’a pas pu semer précocement pour des raisons techniques et implante sa culture après le 5-10 septembre, il a constaté un risque altise à chaque fois.
Pour le charançon de la tige, il est légèrement plus prudent. « S’il sont bien développés les colza résistent.
Attention toutefois aux mois de septembre sec
» prévient-t-il. Benoît Foucault évoque notamment un
risque de casse suite aux blessures sur la tige.

Levier 2 – Supprimer le traitement de semence chimique

Si elle représente un levier intéressant pour réduire l’IFT de 1, la suppression du traitement de semence n’a pas été un choix pour les agriculteurs. « Il n’y a plus d’homologation en chimique. Les traitements de semence sont maintenant réalisés avec un bacille, soit un produit de biocontrôle qui n’entre pas dans l’IFT » témoigne Benoît Foucault. Pour autant il assure que les agriculteurs du groupe Dephy n’ont pas vu de différence sur les maladies en culture.

Levier 3 – L’importance de la place dans la rotation

C’est un levier bien connu pour réduire les maladies et le sclérotinia en particulier sur colza, mais encore faut-il l’appliquer. Dans le terroir d’élevage du Groupe Dephy Cuma Layon, pas question d’enchaîner blé-orge-colza sur une rotation de 3 ans. Les cultures destinées à l’affouragement permettent un retour du colza au minimum tout les 5 ans dans la parcelle, voire plutôt tous les 6 à 8 ans. « Attention à ne pas intercaler de culture relaie des maladies, que ce soit du tournesol, de la luzerne ou des crucifères dans les couverts » détaille Benoît Foucault.

Levier 4 – Jouer sur les variétés

Face aux maladies, le choix variétal est primordial. Les membres du groupe Dephy n’optent plus que pour des variétés peu sensibles au phoma, à la cylindrosporiose, mais aussi à l’élongation et à la floraison tardive. L’animateur du groupe estime qu’en actionnant les leviers « place dans la rotation » et
« résistance variétale », seule la moitié des adhérents conserve un traitement fongicide. L’autre moitié l’a complètement supprimé. Le choix variétal permet également de réduire la pression des méligèthes et donc de supprimer un traitement insecticide supplémentaire. 

2 conseils pour gérer les ravageurs

- Attention aux repousses de colza. À proximité de la parcelle, Benoît Foucault préconise de ne pas les détruire trop tôt. « Sinon tous les ravageurs se déplacent sur la culture en développement » assure-t-il.
- Le charançon le tige est difficile à reconnaître. En effet il peut être confondu avec le charançon du chou moins gênant pour le colza. « La seule différence c’est la couleur du bout des pattes » relève le conseiller. Hors dans la cuvette jaune, la différenciation n’est plus possible. « Il faut les laisser sécher avant de les identifier » préconise-t-il.