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Dephy : 2000 agriculteurs et 180 conseillers testent la baisse des IFT

Le séminaire national des animateurs de groupe Dephy vient de se tenir à Bessines. Virginie Brun, cheffe de projet Dephy France, et Matthieu Babiar, responsable de l'animation du programme pour les grandes cultures et l'élevage, donnent des repères sur la démarche.

Matthieu Babiar, responsable de l'animation du programme pour les grandes cultures et l'élevage, et Virginie Brun, chef de projet Dephy France, font fonctionner un réseau de près de 100 conseillers et partenaires autour de la réduction des intrants.
Matthieu Babiar, responsable de l'animation du programme pour les grandes cultures et l'élevage, et Virginie Brun, chef de projet Dephy France, font fonctionner un réseau de près de 100 conseillers et partenaires autour de la réduction des intrants.
© Chloé Poitau

Pouvez-vous redire ce que sont les groupes Dephy ? 

Virginie Brun : Ce sont des groupes de dix à douze agriculteurs, animés par un conseiller, et engagés volontairement à tester des pratiques pour faire baisser leur utilisation de produits phytos. On mesure cela avec la baisse de l'indice de fréquence des traitements (IFT). 

Ces groupes ont été mis en place en 2008 dans le cadre du plan Ecophyto, ils sont financés par l'OFB sur des crédits de la redevance pollution diffuse. Nous renouvelons tous les cinq ans les agriculteurs dans les groupes. L'idée est qu'ils restent les mêmes sur ce laps de temps, pour avoir le temps d'expérimenter des solutions, et pour un meilleur suivi des données. 

Matthieu Babiar : J'ajoute que les agriculteurs qui intègrent ces groupes n'ont pas d'obligation de résultats mais des obligations de moyens. Ils s'engagent à tester des choses pour baisser leur IFT. Ce sont eux qui définissent leurs objectifs et ils en restent toujours maîtres. Souvent cela passe par une combinaison de leviers (association de cultures, désherbage mécanique...), il n'y a pas de recette miracle.

Pas de recette miracle, d'accord, mais y a-t-il des résultats ? 

V. B. : Oui. L'objectif à horizon 2030 fixé par le plan Ecophyto est une baisse de 50 % de l'utilisation des pesticides. Dans les groupes Dephy grandes cultures, l'objectif intermédiaire de -25 % d'IFT en 2020 a été atteint dans les temps. L'IFT est passé de 2,63 à 1,94. Sur le même panel et toujours en 2020, on observe aussi une baisse de - 42 % des produits cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR). Faire baisser durablement les herbicides reste toujours difficile par contre.

Repères

2008 : création des groupes Dephy, renouvelés tous les 5 ans. Prochain renouvellement de masse prévu en 2027.

2000 : nombre d'agriculteurs volontaires Dephy, 1 050 d'entre eux sont en grandes cultures/élevage.

180 conseillers de diverses structures les accompagnent (chambres d'agriculture, Civam, Fnab, instituts techniques...).

- 26 % : c'est la baisse d'IFT constatée entre 2008 et 2020 pour les groupes Dephy grandes cultures.

M. B : Il peut y avoir des freins à se lancer dans un groupe Dephy. Cela interroge sur la perte de rendement, la résistance aux aléas climatiques etc. Ce qu'on peut dire c'est que les volontaires Dephy sont accompagnés dans une réflexion globale sur leur système qui prend en compte tous les aspects de performance économique. Il y a minimum quatre réunions collectives par an, et surtout minimum deux rendez-vous individuels avec le conseiller pour faire le point sur sa stratégie. Parfois on baisse le rendement d'un côté, mais on baisse les achats d'azote et d'intrants de l'autre : des équilibres sont possibles. Un nouveau plan Ecophyto a été dévoilé le 6 mai : change-t-il la donne pour votre démarche ? 

V. B. : Je dirais qu'il envoie un signal positif car les groupes Dephy sont reconduits et confortés. Pour les agriculteurs volontaires Dephy, la question du changement d'indicateur (HRI-1 plutôt que Nodu) a peu d'incidence car ils continuent pour leur part de suivre l'indicateur IFT.

Quels sont les enjeux de votre séminaire annuel ? 

V . B : Il s'agit de se réassurer en tant que conseiller. De repartir des ateliers d'échanges de pratique avec des idées, des contacts utiles... 

M. B : Nous avons aussi eu des interventions d'experts : Terres Inovia et le chercheur indépendant en hydrologie et climatologie Laurent Denise. Par petits groupes nous sommes aussi allés voir l'Inra (semis direct de luzerne), le Cnrs de Chizé, Terres Inovia et Arvalis à Surgères ou encore la plateforme d'essais de biocontrôle de la chambre d'agriculture 17-79 et du syndicat d'eau de la Courance.

Développer toujours plus la com'

Les quatre conseillers deux-sévriens présents au séminaire sont sortis enthousiasmés de la présentation de Nicolas Cerutti (Terres Inovia) qui a fait tester la régulation bio sur colza par 10 fermes (1000 ha) en Bourgogne : "Nous venons échanger ici sur les problèmes rencontrés dans nos groupes, les bons tuyaux en agronomie mais aussi en communication, notamment tout ce qui a trait aux réseaux sociaux". Sur le terrain, les conseillers font face à des réalités différentes, qu'ils soient en terres d'élevage du bocage bressuirais ou en plaine céréalière. Malgré tout, les résultats vont dans le bon sens, et sont accessibles au grand public sur le site Ecophyto Pic, graphiques à l'appui. Ces données, Nicolas Chartier (mis à dispo par l'Idele pour Dephy) a pour mission de les faire parler et de les vulgariser avant de les transmettre aux experts, chercheurs... "Le réseau et nos travaux restent trop peu connus, en particulier du grand public, mais sur le sujet des phytos, il faut être technique si l'on veut rester crédible, ça ne facilite pas la communication". Le format du podcast a été récemment testé par l'équipe nationale Dephy, il est accessible sur la plateforme d'Arte.

Un mot de la fin ? 

V. B : Parler des phytos et se mettre d'accord sur le sujet n'est pas simple. Pourtant, je tiens à souligner que les groupes Dephy sont une démarche multipartenariale qui porte ses fruits. Je donne rendez-vous aux agriculteurs qui souhaitent la rejoindre lors de la prochaine vague de 2027.

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