Les Creusois relèvent le Dephy!
DEPHY DE LA CREUSE
Structure porteuse : Chambre d'Agriculture de la Creuse
Dominante élevage bovin allaitant
Groupe à IFT bas
Problématique de travail depuis le réengagement de 2022 : concilier réductions des IFT et de l'empreinte carbone
Le groupe a été créé en 2011. A ce jour, il est composé de 12 exploitations réparties principalement sur le nord du département.
3 exploitations présentes depuis la création du groupe en 2011
2 exploitations présentes depuis le 1er renouvellement en 2016
1 exploitation présente depuis 2019
5 nouvelles exploitations présentes depuis le 2ème renouvellement en 2022
1 nouvelle exploitation présente depuis début 2024
C'est un groupe d'éleveurs (principalement bovin allaitant) dont l'objectif est de maintenir voire d'augmenter l'autonomie fourragère à l'échelle de l'exploitation, tout en réduisant la dépendance aux produits phytosanitaires et en limitant au maximum le travail du sol.
Groupe à IFT bas qui depuis le nouveau renouvellement de 2022 travaille sur cette problématique :
Concilier réductions des IFT et de l'empreinte carbone
Cultures principales : Blé, Orge, Triticale, Maïs, Méteil, Prairie Temporaire
Spécificités du groupe :IFT bas, avec notamment l'introduction de prairies temporaires dans la rotation
Lycées partenaires : Lycée Agricole d'Ahun
Le regard de l'ingénieur réseau :
Le groupe est composé d'un noyau d'agriculteurs présents depuis le début en 2011 qui ont du recul et qui apportent leur expérience en termes de réduction des phytos tout en conservant l'autonomie fourragère. Leur expérience est bénéfique aux agriculteurs ayant intégré le groupe au cours des dernières années, et ces derniers ont également apporté des propositions intéressantes et de nouvelles pistes de travail à approfondir.
Ainsi, les agriculteurs avancent dans un même but ; les réunions sont constructives et riches en échanges.
L'introduction de prairies temporaires dans la rotation, les mélanges variétaux et la culture du méteil (grain ou fourrager) sont des leviers agronomiques pratiqués par l'ensemble du groupe qui ont permis aux agriculteurs de diminuer leurs IFT.
La continuité de ces pratiques associée à de nouveaux essais en cours (biocontrôle-fongi, association maïs-légumineuses tropicales, ainsi que d'autres essais parcelles chez les agriculteurs) a pour objectif de continuer la baisse des IFT, déjà assez faibles pour l'ensemble du groupe.
L'introduction de l'aspect "bilan carbone" permet d'avoir une vision encore plus large et d'avoir une réflexion multi-critère (tout en gardant la diminution des IFT en objectif prioritaire) qui est intéressante à avoir avec les agriculteurs, que ça soit en accompagnement individuel ou en accompagnement collectif.
De plus, l'intégration du lycée agricole dans le groupe en 2016 est intéressant pour communiquer ce que font les agriculteurs au niveau de la transition agroécologique et les productions et références acquises par le groupe DEPHY peuvent servir de supports pédagogiques aux élèves.
D'un point de vue personnel, l'accompagnement et l'animation de ce groupe est très formateur : suivre leurs essais sur le terrain, animer différents échanges entre les agriculteurs et faire en sorte de répondre aux besoins du groupe sont des missions très intéressantes.
- Être autonome au niveau fourrager tout en limitant le recours aux phytos et au travail du sol, et en maintenant une rentabilité économique
- Réduire l'empreinte carbone
Thématiques principales du groupe
Pour atteindre ces objectifs, l'ensemble des agriculteurs du groupe travaillent sur :
- Un raisonnement au système de culture, alliant observation et rotation
L'introduction de 3 à 5 années (en moyenne) de prairie temporaire dans la rotation culturale permet de "rompre le cycle des bioagresseurs".
Les agriculteurs observent beaucoup leurs parcelles afin de traiter au moment opportun, pour améliorer l'efficacité et le rendement du traitement.
- Le mélange variétal, les semences fermières et l'arrêt du traitement de semences pour les céréales à paille
Mélanger 3 ou 4 variétés de blé par exemple peut s'avérer bénéfique d'un point de vue agronomique. Les agriculteurs produisent également leurs propres semences de céréales qu'ils re-sèment chaque année. Certains agriculteurs du groupe font désormais l'impasse sur le traitement de semences ; pour pallier à d'éventuelles pertes de levée, la densité de semis est un peu plus importante.
- Le développement de la culture du méteil
La composition du méteil varie selon les exploitations mais est, en général, composé sur une base d'avoine, de triticale, de pois et de féverole. Le mélange cultural a le bénéfice agronomique de réduire et de diluer la pression parasitaire, en particulier pour les maladies fongiques. Le méteil permet aussi une très bonne couverture du sol, limitant le développement des adventices. Ainsi, des méteils dans le groupe sont conduits sans avoir recours au moindre produit phytosanitaire.
De plus, l'introduction d'un méteil fourrager est relativement intéressant au niveau du stock fourrager pour l'exploitant car il va permettre à ce dernier de pouvoir réaliser une double culture. En effet, l'agriculteur sème son méteil courant octobre et le récolte en immature courant mai et peut, derrière ce méteil, semer un maïs.
- Augmenter la teneur protéique des fourrages
Le méteil, par le fait d'être composé de protéagineux et de légumineuses, est un apport protéique pour la ration alimentaire des bovins. En effet, certaines analyses de méteils dans le groupe ont montré que ces derniers étaient à environ 16 à 17% de protéines.
Une autre association est également testé dans le but d'augmenter la teneur en protéines : il s'agit du maïs avec du lablab, une légumineuse tropicale, rampante, se servant du maïs comme tuteur.
Cette association sera re-testée pour les campagnes à venir, en ajustant au mieux la densité du lablab pour que ce dernier ait un impact significatif sur la teneur en MAT.
- Travailler avec des couverts végétaux d'interculture, tout en réduisant au maximum le travail du sol
La couverture du sol est une notion très importante pour les agriculteurs du groupe et respectée par ces derniers. Ainsi, entre deux cultures dites principale, des couverts d'interculture ou des "couverts agri-faune" sont implantés. La couverture du sol en interculture, en plus d'être bénéfique pour la structure du sol et le recyclage des éléments nutritifs entre autres, est également une solution pour lutter contre les adventices et les ravageurs, à l''échelle du système de culture.
Un travail de mesure de biomasses de couverts végétaux est également réalisé, dans le but notamment de calculer les restitutions en éléments minéraux par ces derniers, avec la méthode MERCI :
La réduction du travail du sol est un objectif agronomique du groupe pour préserver le sol et son potentiel mais est également vu comme une manière de se simplifier le travail et d'en réduire le coût, en diminuant fortement les charges de mécanisation. Par exemple, un semis direct de blé dans de la luzerne de 3 ans a été testé.
- Travailler avec des biostimulants et des produits de biocontrôle pour réduire la partie fongicide sur les céréales à paille
Différentes stratégies de protections fongiques sont testées dans le but de diminuer au maximum la part des fongicides. Ainsi, un essai est mis en place chaque année avec plusieurs modalités qui sont comparées jusqu'au rendement. Des produits de biocontrôle à base de soufre, et des biostimulants à base d'algues ou d'oligo-éléments sont testés seuls, en complément ou en mélange avec une dose réduite de fongicide. Ces différentes modalités sont comparées à un témoin non traité et à "deux modalités de référence locale" (2 mi-doses préco de fongi en T1 et en T2 / fongi dose préco en T2).
L'objectif de cet essai est de diminuer l'IFT Fongicide, tout en conservant une bonne rentabilité technico-économique de la culture.
- Introduction du désherbage mécanique
Certains agriculteurs du groupe ont récemment fait l'acquisition d'une herse étrille et/ou d'une bineuse et commencent à intégrer du désherbage mixte (mécanique + chimique) sur céréales à paille et maïs.
Sur Céréales à paille : herse étrille à l'aveugle + herse étrille en début de tallage + herbicide sortie hiver, comparaison de modalités avec / sans herse étrille pour évaluer l'apport de cette dernière.
Sur Maïs : désherbage pré-levée + 1/2 binage(s) stade 6-8 F / fermeture du rang, comparaison de modalités avec / sans binage pour évaluer l'apport de cette dernière.
- Désherbage ultra-localisé
Le groupe travaille depuis 2 ans en collaboration avec la société suisse Ecorobotix, spécialisée dans le désherbage ultra-localisé.
Une démonstration et un essai du désherbeur d'ultra-précision, ARA, d'Ecorobotix, ont eu lieu à Guéret, en septembre 2021 sur une exploitation du groupe. L'objectif était de désherber en ultra-localisé avec de l'Arkem (metsulfuron-méthyle) le rumex sur de la prairie. L'objectif de ce désherbage ultra-localisé est double :
- une économie d'herbicide ;
- ne pas réguler le trèfle (le metsulfuron-méthyle étant phytotoxique pour cette culture).
Dans le cadre du réseau DEPHY, la Chambre d'Agriculture de la Creuse a réalisé des prestations de prises d'images pour Ecorobotix.
Des prises d'images de chardons et d'adventices dicotylédones respectivement sur cultures de prairies et de céréales à paille ont été réalisés dans le but de développer l'algorithme du robot et que ce dernier puisse désherber localement ces cultures.
Evolution des IFT du groupe
L'augmentation récente des IFT est principalement dû à l'intégration dans le calcul moyen de nouvelles exploitations avec une part plus importante de cultures dans l'assolement et à la part plus importante de colza dans la sole moyenne des agriculteurs du groupe.
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La moyenne des IFT du groupe des 4 dernières années est inférieure à :
- 22% par rapport à l'IFT de référence moyen Limousin (IFT = 1.6)
- 41% par rapport à l'IFT de référence 70e percentile Limousin (IFT = 2.1)
Témoignage de la structure :
'Accompagner un groupe DEPHY permet à la Chambre d'Agriculture d'acquérir des références pour aider les agriculteurs à améliorer leurs pratiques en matière d'utilisation des produits phytosanitaires.
Le suivi d'un groupe permet également d'évaluer le niveau d'utilisation des produits phytosanitaires dans nos systèmes de polyculture-élevage et communiquer sur l'intérêt de ces systèmes pour réduire les intrants.
Cette démarche permet de répondre aux attentes sociétales et aux objectifs du plan Ecophyto, tout en assurant le maintien de l'autonomie des systèmes en polyculture-élevage.' Philippe DUCOURTHIAL, Responsable du pôle Agronomie - Environnement et Référent Ecophyto à la Chambre d'Agriculture de la Creuse
Le groupe a terminé 2e du concours agri.mouv organisé par l'APCA et la FDGEDA.
Ce concours avait pour but de promouvoir et de valoriser ce que font les différents collectifs d'agriculteurs.
La vidéo, une interview de Jean-Marc LAROSE (responsable des productions végétales au lycée agricole d'Ahun), présente les différents leviers agronomiques utilisés par l'exploitation du lycée et dans le groupe DEPHY plus en général, pour réduire les phytos et maintenir l'autonomie fourragère :
Moins de phytos, plus d'autonomie fourragère les Creusois relèvent le DEPHY - YouTube
Participation au programme européen "Farm to fork" (Lycée Agricole d'Ahun) : vidéo réalisée par Euronews pour valoriser les travaux du groupe DEPHY de la Creuse, en termes de réduction de phytos dans le contexte de la durabilité alimentaire :
Deux fois moins de pesticides dans l'agriculture d'ici 2030 : la transition est en marche | Euronews
Test du robot de désherbage ultra-localisé ARA d'Ecorobotix sur un essai de gestion des rumex sur prairie :
https://www.youtube.com/watch?v=1NoTN96ERPM&t=4s
Le GAEC SOULIER (Patricia et Philippe PIERRON) lauréat du concours agriculture durable en Nouvelle-Aquitaine 2023 :
https://www.youtube.com/watch?v=1sQ4Cac7VW8